Imaginez un peu : vous n’avez pas connaissance des dangers qui menacent votre quotidien, vous ne prenez pas conscience de la puissance des prédateurs politiques et financiers qui planent au-dessus de vos têtes, vous ne mesurez pas la désinformation ambiante sur certaines chaînes de télé, vous ne voyez aucun danger pour vos enfants et petits-enfants… Le monde est merveilleux.
Pourquoi chercher à savoir, ça prend du temps, c’est fatigant.
- Qu’un personnage politique m’explique pourquoi ça va mal, simplement, sans rentrer dans les détails, ça me convient.
- Qu’il m’explique pourquoi voter pour lui – ou elle. Je vais gagner un temps fou.
Pourquoi lire un programme ?
Combien d’électeurs ont lu le programme de leur « préféré » ? Un pourcentage infime. Dès lors que l’idole aborde les problèmes récurrents évoqués au bistrot du coin, c’est suffisant pour attirer ceux qui se contentent de déclarations à l’emporte-pièce sans plus de détails.
L’argumentaire succinct satisfait une majorité d’électeurs rassurés par une promesse qui peut enfreindre les droits de l’homme ; mais qu’importe.
On m’explique tout !
Des solutions existent : il suffit de jeter à la mer ceux qui encombrent notre pays. Il suffit de fermer les frontières. Il suffit de sortir de l’Europe. Il suffit de supprimer les allocations familiales à des gens indésirables. Il suffit de limiter les libertés…
Les hoax arrivent dans mes courriels ; tout m’est expliqué : je sais qui nous prend notre travail, je sais pourquoi la sécu est en déficit, je sais qui est avantagé en France, je sais qui est indésirable, je sais qu’il faut voter pour des gens efficaces. Quand je dis efficace, c’est qu’il faut éradiquer le mal maintenant par des mesures d’urgence ; on ne peut plus attendre.
[Les hoax - ces courriers électroniques propageant une fausse information et poussant le destinataire à diffuser la fausse nouvelle à tous ses proches ou collègues - provoquent des ravages dans l’opinion publique.]
L’ancêtre de l’hoax
Quelqu’un m’a dit qu’au début des années trente - en Allemagne - un homme avait écrit un livre où tout était expliqué. Ça avait très bien marché, il en avait vendu des milliers. La population a été conquise, son auteur a été porté au pouvoir, il a appliqué son programme. Tous les individus indésirables ont été exterminés. Cet homme – les mauvaises langues disent que c’était un dictateur – a voulu conquérir le monde pour y appliquer ses théories. La tâche n’était pas aisée pour lui ; il s’est heurté à des contradicteurs. Il y a eu des millions de morts, mais certains disent qu’on n’a pas mis les gens dans des chambres à gaz…
Nous ne pouvons plus continuer ainsi
Cette caricature du « monde selon Hitler » nous montre combien la population peut se laisser entraîner vers des abominations dans les périodes de disette.
Sachons nous préserver des réactions primaires ; il existe des solutions, mais elles passent par la réflexion. Les expédients tout faits – ceux que des politiques veulent nous faire avaler – présentent des dangers considérables pour l’humanité.
Nous ne pouvons pas vivre en critiquant sans savoir. Nous ne pouvons pas progresser sans débats contradictoires. Oui, c’est fatigant, il faut lire, écouter les bonnes émissions, réagir, participer à la vie publique, analyser les bonnes solutions pour les générations futures.
C’est à ce prix que nous progresserons ; pas en restant en adoration devant les bonimenteurs. Dans bonimenteur, il y a menteur, ce n’est pas pour rien.
Christian Dechartres – écrivain public – « Le Mot de Passe » - http://www.cd-lmdp.fr - 06 11 48 77 63
Observateur attentif des dérives « humaines »
Pour réagir salutairement.