Qu’est-ce qui vous fait avancer ? Qu’est-ce qui permet aux hommes de réaliser leurs rêves ? Qu’est-ce qui peut ruiner nos vies ? L’HISTOIRE nous fournit des réponses. Examinons, analysons les faits qui bouleversent notre société. Les lectures les plus diversifiées ouvrent notre esprit sur le Monde. Lire a tant de mérites : imaginer, apprendre, rêver…
Rencontre avec un homme aux convictions intactes.
On ressent face à lui une détermination sans failles. Malgré son âge, il ne baisse pas la garde.
Algérien d'origine berbère, Abdelkader Rahmani est un officier de carrière de l'armée française. A la fin de la seconde guerre mondiale, il y est resté pour se battre et combattre les discriminations raciales.
En 1956, devant la guerre de Suez imposée et dirigée par Israël, face au dilemme de la guerre d'Algérie, ses massacres et ses tortures, il décida d'écrire avec 52 autres officiers de l'armée française, tous d'origine algérienne et les plus gradés, au chef suprême des Armées, le président René Coty.
« Monsieur le Président de la République,
Officiers démissionnaires de l’Armée française, nous désirons porter à votre connaissance les motifs qui nous ont poussés à cet acte.
[...] En huit mois, aucune solution n’a été apportée au cas de conscience que pose notre situation dramatique d’Algériens et de soldats. Bien au contraire, des arrestations, des arrêts de forteresse, des emprisonnements ont été les seules réponses que nous a values notre attitude [...] Pour nous empêcher de nous regrouper, nous avons été dispersés dans les garnisons les plus lointaines et régulièrement les bataillons nord-africains et leurs cadres sont envoyés en Afrique du Nord pour combattre leurs frères de sang, au risque de détruire leur village natal, et peut-être même de mitrailler leurs femmes et leurs enfants.
[...] Puisqu’aucune suite n’a été donnée à notre démarche de janvier 1957, qu’aucune réponse n’a été apportée au problème pour lequel nous vous demandions une solution, nous avons tenu à vous exposer respectueusement les raisons qui nous rendent aujourd’hui démissionnaires de l’Armée française.
Jusqu’au dernier jour de notre appartenance à cette armée, nous resterons dans le cadre de la discipline militaire. Respectueux des formes et des modalités de notre règlement, chacun des signataires de cette lettre présente sa démission individuelle par la voie hiérarchique.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos déférentes salutations.
Les officiers algériens signataires de la lettre de janvier 1957.
Issus des deux cultures, ils voulaient s'offrir en médiateur afin d'enrayer cette guerre fratricide. Il déclencha ainsi la fameuse "Affaire des Officiers Algériens", qui constitua, selon l'historien Vidal Naquet et l’académicien François Mauriac, "une chance manquée" d'éviter le désastre entre les deux communautés. Tous les signataires de cette lettre furent en effet emprisonnés.
La carrière d’Abdelkader Rahmani fut brisée. Il sera mis dans la position de retrait d’emploi en novembre 1958 pour une durée de 16 ans.
Les dates de détention d’Abdelkader Rahmani durant l’affaire des officiers algériens :
Ø Du 1er au 25 mars 1957 : forteresse Saint-Denis à la Courneuve
Ø Du 28 mars au 20 mai 1957 : Fresnes
Ø Du 20 mai au 09 septembre 1957 : liberté provisoire à Castres
Ø Du 09 au 19 septembre 1957 : forteresse d’Albi
Ø Du 19 septembre 1957 au 26 novembre 1958 : Fresnes
Ø Du 27 novembre 1958 à mars 1959 : résidence surveillée à la Villa Manrèse, couvent jésuite à Clamart.
Durant cette période, le lieutenant Rahmani reçut de nombreuses lettres de soutien ; on peut citer celle du général de la Bollardière le 09 mai 1957 ou encore celle de François Mauriac le 17 mars 1958…
Commentaire : sa détermination pour une cause partagée avec les 52 officiers dans la même position que lui l’ont privé d’une carrière prometteuse. Il aurait terminé au minimum au grade de général de brigade. Il vit avec une retraite de lieutenant.
Sa volonté de communiquer la vérité sur les guerres l’anime toujours. Il souhaite que la jeunesse soit informée, qu’elle connaisse son histoire sans zones d’ombre. Une information complète, c’est la seule façon pour M. Rahmani de permettre à une jeunesse d’apprendre la vie et de se forger une opinion, d’assurer ses devoirs et ses responsabilités.
Abdelkader Rahmani n'a jamais cessé de militer pour la paix, il est plus déterminé que jamais.
Christian Dechartres - écrivain public
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