Madame El Khomri, pas de conneries !

« Une idée lumineuse »

Un jour, une ministre du travail se dit « le code du travail, c’est trop pénible ; il faut l’adapter dans chaque entreprise »

D’ailleurs, on se demande si le gouvernement ne va pas abonder sur le compte pénibilité des patrons tellement le code du travail est pénible pour eux.

Il faudrait simplifier ! Nous entendons ce refrain fatigant depuis des lustres. C’est pénible.

La ministre en place a une « bonne idée » : les patrons et les salariés vont négocier des accords dans chaque entreprise. Les deux parties auront toute latitude pour aménager le temps de travail et les contreparties. Sur le papier, c’est magnifique. C’est exactement ce qu’il faudrait mettre en place dans un monde de « Bisounours ».

Prendre la mesure de la réalité

Négocier au sein des PME, dans un monde idyllique, c’est le rêve. Dans la réalité, il en va autrement. Pour négocier, il faut deux parties capables d’assumer cette lourde tâche. Or, les patrons maitrisent peu le code du travail, ce n’est un secret pour personne ; et les salariés des petites entreprises ne l’ont – pour la plupart – jamais lu. Or, pour négocier, il faut des capacités d’analyse, de synthèse, comprendre le droit du travail. Je peux dire par expérience que les salariés de ce type ne courent pas les couloirs des entreprises. Ce n’est pas leur faire offense, c’est un constat. Certaines sociétés spécialisées peuvent trouver des employés qualifiés pour coucher un bon accord sur le papier, mais le pourcentage reste extrêmement faible. Combien de fois l’ai-je constaté !

Dans une petite entreprise, un jeune célibataire peut négocier. Mais s’il est de ceux qui tiennent des discours du genre « moi, ça ne me dérange pas de travailler 10 heures, 7 jours sur 7, s’il le faut », ses collègues mariés, chargés de famille ont quelques soucis à se faire.

Mesurer les conséquences de ces accords

La ministre trouve le code du travail trop pénible pour les chefs d’entreprises. Madame, prenez bien conscience que ces accords signés entre deux parties de forces inégales rendront le travail trop pénible pour beaucoup de salariés.

L’actualité nous révèle son lot de faits divers : suicides causés par les conditions de travail, harcèlement jusqu’à la démission, accidents faute de mesures de sécurité…

De nombreux patrons honnêtes vivent très bien avec le code du travail actuel. Oui, il faut travailler sur quelques aménagements, on est d’accord. Mais le code du travail et les prudhommes restent les gardiens indispensables dans un monde cruel. Les salariés les plus consciencieux et les plus calmes seront les premiers à souffrir de ces accords bâclés dans les PME. De plus, rallonger la durée du travail tuera encore des emplois ; ce n’est pas le but recherché, il me semble.

Garantir les intérêts réciproques

Patrons et salariés peuvent négocier ensemble en bonne intelligence ; mais ne rêvons pas, dans trop peu d’entreprises.

Madame, si vous voulez vraiment préserver les salariés dans l’entreprise, mettez en place des mesures fiables qui garantissent l’intérêt des employeurs et des employés. On sait bien que le « patron » a toujours des ressources que le salarié n’a pas. Je parle de vécu.

C’est déjà trop pénible pour nombre de salariés, ne rajoutez pas des mesures pénalisantes pour les plus faibles. Derrière un salarié, se cache une vie de famille, on l’oublie trop souvent, hélas.

http://cd-lmdp.over-blog.fr/2016/02/saturation-epuisement-professionnel-comment-reagir.html

Les bons patrons font de bons ouvriers ; une chance, nous en avons un grand nombre. Préservons-les.

Et vous ? Votre CDD ? Est-il renouvelable ? Si oui, combien de fois ?

Christian Dechartres – écrivain public – « Le Mot de Passe » - http://www.cd-lmdp.fr - 06.11.48.77.63.

Observateur de ce rapace qu’est l’homme dans notre société

Pour éviter la souffrance de ceux qui se taisent