Qu’est-ce qui vous fait avancer ? Qu’est-ce qui permet aux hommes de réaliser leurs rêves ? Qu’est-ce qui peut ruiner nos vies ? L’HISTOIRE nous fournit des réponses. Examinons, analysons les faits qui bouleversent notre société. Les lectures les plus diversifiées ouvrent notre esprit sur le Monde. Lire a tant de mérites : imaginer, apprendre, rêver…
Une première demande intrigante
Mon téléphone sonne : un homme - avec un accent que je ne parviens pas à définir - marmonne de façon peu audible. Pourquoi s’exprime-t-il ainsi ? J’ai l’impression qu’il ne peut pas parler librement.
« Pouvez-vous venir jeudi matin ?
Quelles raisons peuvent le pousser à me faire venir à une heure aussi matinale ?
« Si vous voulez, je viendrai à 7 h 00. À quelle adresse ?
Je me demande bien ce qui m’attend le jeudi matin. Pourquoi autant de mystère ?
Un rendez-vous peu ordinaire
Il est à peine 7 h 00, j’arrive devant la maison. Ne pas sonner à l’entrée principale. Aller derrière par une issue de service. J’ai retenu les consignes.
Me voilà devant cette porte, je frappe doucement. Pas de réponse. J’attends un peu, je cogne à nouveau sur l’huisserie bois qui manque de peinture.
Un bruit de clés, la poignée tourne, mon homme apparaît. Originaire de l’hémisphère sud, tout maigrichon, il me regarde et met son doigt devant la bouche. J’ai compris le message : se taire.
Il me fait signe de le suivre. Nous traversons un débarras, une arrière-cuisine, une odeur de renfermé me prend à la gorge. Je ne dis mot. Nous montons un escalier pour arriver sous les toits. Une petite cuisine, deux chaises, une table. Je pose ma sacoche comme je le peux. Objectif : noter la demande de mon premier client.
Je découvre la misère
« On va parler doucement, mes patrons ne sont pas encore debout, on a peu de temps. »
Par ce début d’explication, je comprends le contexte. Son épouse apparaît discrètement, elle ne parle pas.
« On nous a fait venir pour nous occuper des parents du châtelain. Le jour comme la nuit, il faut répondre à leurs appels. »
Mon client et sa femme ont l’air épuisés. Je comprends que l’homme âgé – à leur charge - souffre et demande souvent de l’aide. Pour ne rien arranger, sa femme fait preuve d’un caractère acariâtre. Mon petit homme chétif m’explique à voix basse le contexte difficile.
Qu’est-ce que je viens faire ici ? Je comprends vite. Mon client est atteint d’une maladie rare. Son « patron », le châtelain, fils de ces personnes âgées, ignore la pathologie du serviteur qu’il a fait venir d’un pays bien au sud de l’équateur.
Durant plusieurs années, je travaillerai pour ce pauvre homme. Il avait besoin de soins et il devait envisager une issue à cette situation.
Derrière les demeures somptueuses
Ce dossier, riche d’enseignements, restera pour moi une preuve que l’esclavage n’est pas aboli. Je regarde d’un autre œil les donneurs de leçons sur l’immigration et sur les soins gratuits. Le cas de mon client n’est pas unique. Quand l’esclave n’est plus capable de répondre aux demandes de son patron, il se retrouve à la rue.
Maintenant, quand je passe devant les grands murs de ces demeures bourgeoises, je repense à mon client. Comme lui, nombre de travailleurs venus d’ailleurs obéissent avec la peur de perdre un petit subside.
Christian Dechartres – écrivain public – www.cd-lmdp.fr – http://cd-lmdp.over-blog.fr
« C’est la force et la liberté qui font les excellents hommes. La faiblesse et l’esclavage n’ont jamais fait que des méchants. » J.-J. Rousseau.
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