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Qu’est-ce qui vous fait avancer ? Qu’est-ce qui permet aux hommes de réaliser leurs rêves ? Qu’est-ce qui peut ruiner nos vies ? L’HISTOIRE nous fournit des réponses. Examinons, analysons les faits qui bouleversent notre société. Les lectures les plus diversifiées ouvrent notre esprit sur le Monde. Lire a tant de mérites : imaginer, apprendre, rêver…

« J’étais médecin à Diên-Biên-Phù » du médecin commandant Grauwin

 

Les bonnes lectures du confinement

 

Le 7 mai 1954, après cinquante-six jours de combats acharnés contre les forces du Viêt-minh, la garnison française du camp retranché de Diên-Biên-Phù cessait le feu.

Placé au centre de cette hécatombe, le médecin commandant Paul Grauwin, chirurgien du camp, a écrit de ce drame - qui constitue la dernière page de l’histoire de l’Indochine française - l’un des récits les plus hallucinants et les plus bouleversants que la guerre ait jamais inspirés.

Durant cinquante-six jours et cinquante-six nuits, s’enfonçant à la fin dans la boue jusqu’aux mollets, assisté par quelques infirmiers puis, à partir du 13 mars, par une convoyeuse de l’air au nom aujourd’hui

légendaire, Geneviève de Galard[1], mille cinq cents fois Paul Grauwin s’est penché sur un champ opératoire. Comme un chemin de croix, le processus chirurgical se déroulait. Les blessés, les opérés, bloqués de plus en plus nombreux dans un espace réduit, transformaient l’antenne chirurgicale en un étrange hôpital qui aurait mieux été à sa place sur une rive du Styx. Les cris, la boue, le sang, la pourriture, la puanteur, la chaleur terrible… et la défaite.

 

Quelques extraits :

 

Geneviève fournit un travail exceptionnel auprès du commandant chirurgien

Le soir, elle était allée chercher elle-même un brancard souillé et humide, l’avait ouvert et allongé à terre entre deux lits occupés par deux lieutenants blessés, Rollin et Deflinne et elle s’était endormie sereinement.

 

Opérer inlassablement sans moyens

Demain, encore une fois, je n’aurai plus de sérum. J’ai dû en donner à Hantz, à Vidal, à Patrice, à Rondy. Mes abdomens boiront alors que c’est interdit, il faut bien les réhydrater ; et ils vomiront, et ils gémiront. Phu m’appela : par l’incision réouverte d’une laparotomie, un ventre viendra encore d’expulser son contenu !

 

Sauver les estropiés avec l’énergie du désespoir

Sur la table d’opération, ligoté, gît le dernier opéré. Le sérum coule goutte à goutte. Il dort profondément, violemment éclairé par le scialytique, son artère fémorale a été touchée. Je sens le pied, il n’est pas froid. Il conservera sa jambe.

 

Comment supporter la mort avec une telle fréquence ?

Dans la couchette supérieure, geint le brûlé au phosphore. Il va mourir : l’intoxication a été trop forte ; les brûlures trop profondes. Par place, elles ressemblent à des morceaux d’anthracite incrustés dans la peau.

 

Donner de l’espoir…

Les blessés n’ont pas bougé. On dirait qu’ils nous attendent. Ils nous regardent ; la joie est dans leurs yeux.

 

Le médecin Grauwin[2] a écrit un récit remarquable sur l’enfer vécu juste avant la capitulation des Français.

En lisant cet ouvrage, on a une pensée pour le personnel soignant qui livre aujourd’hui un combat remarquable contre le COVID-19. Les conditions ne sont pas comparables à celles vécues par le commandant Grauwin, mais le manque de masques, de blouses, de matériel en temps de paix nous interpelle.

 

Christian Dechartres – écrivain public – « Le Mot de Passe » - http://cd-lmdp.over-blog.fr

Observateur de la comédie humaine.

 

« Il y a quelque chose de plus fort que l’intérêt, c’est le dévouement. »

François Gaston de Lévis ; Les maximes et pensées (1812)

 

[1] À sa demande, elle est affectée en Indochine à partir de mai 1953, au cœur de la guerre qui oppose les forces françaises à celles du Việt Minh.

Les troupes françaises de Ðiện Biên Phủ cessent le combat le 7 mai 1954 sur ordre du commandement militaire de Hanoï. Le Việt Minh autorise cependant Galard et le personnel médical à continuer les soins sur les blessés. Geneviève refusera toujours toute coopération, quand certains Việt Minh commencent à utiliser les médicaments pour leur propre usage, elle en cache dans sa civière.

 

[2] Prisonnier des Việt Minh à Diên-Biên-Phu, après les cinquante-sept jours d'enfer pendant lesquels son antenne médicale opéra nuit et jour, plus de quatre mille blessés, il sera encore un soutien inlassable pour ses camarades d'infortune en veillant à leur évacuation sur Hanoï.

 

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