"Les criminels vont-ils tous en enfer ?" de Jean-Michel Sieklucki

« Vous n’avez pas honte de défendre un tel monstre ? »

L’avocat est confronté aux jugements des citoyens ; jugements sans appel, alors même que lesdits citoyens ne connaissent rien du dossier.

Jean-Michel Sieklucki emmène le lecteur dans vingt-six procès d’assises qu’il a tous plaidés. Il pensait trouver dans les « criminels » des hommes différents, mais il n’en est rien. Un jour, la vie bascule et l’avocat entre en jeu pour faire la lumière sur les faits. Rôle fondamental et passionnant.

L’auteur bouscule des certitudes bien présentes dans les esprits.

Extraits :

« La justice française se gave de présomption d’innocence alors que la quasi-totalité des juges parlent, en instruction ou en audience, de « victimes » quand il ne s’agit encore que de « plaignants ». Comment un homme pourrait-il être considéré comme présumé innocent si l’on admet déjà que celui qui se plaint de lui est sa victime ?

***

Il est de rares moments où il s’avère impossible de communiquer d’homme à homme. Les mots n’ont pas le même sens, les concepts sont différents. À partir de là, rien n’est possible.

***

Depuis l’affaire Marie Besnard on sait que même les expertises dites scientifiques peuvent être remises en question. Je crois que dans le domaine de la psychiatrie, qui l’est infiniment moins, il faut être prudent et modeste. La justice a-t-elle raison d’exiger des réponses de ceux qui n’ont pas toujours les moyens d’en donner ? Avouer son incapacité n’est pas envisageable pour ceux qui tiennent à cette fonction d’expert judiciaire. Je me demande pourtant si parfois ils ne feraient pas mieux de faire cet aveu. »

Des médias sont prompts à nous livrer un coupable alors que l’enquête n’a pas encore démarré.

Qui n’a pas entendu « Il faut le zigouiller » ou encore « Et il va trouver un avocat pour le défendre ! »

Ce livre nous ramène à la raison. La justice, c’est la reconnaissance et le respect des droits de chacun ; elle ne peut se rendre que dans un « climat » apaisé.

« Quand raison dort, justice est mal gardée. » Jean Molinet.

Christian Dechartres - écrivain public - http://cd-lmdp.over-blog.fr