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patrie

Joseph Kessel, hommage sous l’Arc de Triomphe

Publié le par Christian Dechartres, cd-lmdp

Joseph Kessel témoin parmi les hommes le temps de l'espérance
Kessel

L’incipit du « temps de l’espérance » donne le ton :

 

La grisaille du petit matin commence seulement à frotter les rues de sa cendre bleutée. Mais déjà, puissant et monotone comme un bruit d’élément, venu des faubourgs et de la banlieue, des quartiers popu­leux et des quartiers de luxe, monte vers le parcours triomphal le piétinement de la foule en marche.

Ils ne seront pas au premier rang, ceux-là qui, pourtant, se sont levés avant l’aube. D’autres, plus enthousiastes et plus passionnés, gardent leur place depuis la veille.

J’ai vu des vieilles femmes, des enfants, dimanche soir, roulés dans des sacs, dans des couvertures, sur le bord de l’avenue des Champs-Élysées, tandis que Paris allait, vers le cénotaphe, rendre hommage aux morts. Ces gens trouvaient qu’il valait la peine de passer une nuit à la dure, par cette veillée d’allégresse, afin de mieux voir ceux qui en avaient tant passé dans la boue et l’angoisse, au petit poste et dans la sape.

Le ciel brumeux s’éclaircit lentement. Il faut une voûte glorieuse à ce jour glorieux. Et la pâte humaine enfle de plus en plus, déborde les trottoirs, bloque les rues, envahit tout.

C’est comme une nuée immense de visages et de corps ; impossible de distinguer non seulement les individus, mais des blocs même d’individus, C’est une nappe vivante, frémissante, infranchissable, indescrip­tible, qui s’agite, qui attend et qui aime.

 

Sous la plume du grand Joseph Kessel, nous ressentons l’émotion de la foule – certains sont venus la veille – pour rendre un hommage appuyé aux poilus.

 

S’inspirer du respect que nous inspirent ces premiers paragraphes

Dans la semaine qui a précédé le centième anniversaire de l’armistice de 1918, le président de la République a rendu hommage à une jeune génération décimée par la folie humaine. Il voulait marquer les esprits et travailler pour la paix. À chacune de ses étapes, il fut interpellé sur… Le prix de l’essence.

Toutes les revendications sont à prendre en compte. Mais les livrer lors de commémorations, sur des lieux empreints d’émotion, c’est faire preuve d’un déni de l’Histoire, c’est déplacé.

Dans les semaines qui suivirent, l’Arc de Triomphe fut l’objet de vandalisme. J’en ai pleuré.

Arc de Triomphe mémoire France hommage nation République
Arc de Triomphe

 

Relisons Le temps de l’espérance de Joseph Kessel. Communiquons ensemble les valeurs de respect, les valeurs de la République et de la démocratie. Pensons aux sacrifices de nos grands-parents ; œuvrons pour la paix et le dialogue. Relire à ce sujet : http://cd-lmdp.over-blog.fr/2019/01/un-siecle-de-sacrifices-pour-quel-resultat.html

 

Christian Dechartres – écrivain public – http://cd-lmdp.over-blog.fr

 

Le véritable patriotisme n’est pas l’amour du sol, c’est l’amour du passé, c’est le respect pour les générations qui nous ont précédés. (Questions contemporaines de la manière d’écrire l’histoire.)

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« Mon enfant de Berlin » ; des millions d’apatrides en 1945. Et maintenant ?

Publié le par Christian Dechartres, cd-lmdp

L’auteur, Anne Wiazemsky, petite fille de François Mauriac, narre l’histoire de la rencontre de ses parents – Claire et Jean - à Berlin après la capitulation de l’Allemagne.

 

Claire était ambulancière en septembre 1944. Elle suit les armées alliées dans un Berlin en ruines. À 27 ans, elle existe par son travail. Son courage est reconnu. Ses collègues oublient qu’elle est la fille de François Mauriac. Claire transporte des blessés vers les hôpitaux surchargés, elle vit pour les autres.
Après la capitulation allemande, il faudra des mois pour retrouver certains prisonniers. Beaucoup meurent des conséquences de leur emprisonnement dans des conditions insalubres. Il sera parfois difficile de récupérer des prisonniers en secteur russe.

 

Des populations sont déracinées ; plus de famille, plus de maison, plus de patrie. Des millions d’Allemands errent sur les routes de leur pays en ruines.

 

Extrait :

Olga d’origine russe, naturalisée française, s’exprime :

« Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est d’errer d’un pays à l’autre, de changer de langue, de culture. Vous ne pouvez pas concevoir une seconde ce que c’est que d’être apatride. Il faut l’avoir vécu dans sa chair pour comprendre. Apatride… Je suis sûre que ce mot ne vous évoque rien… Alors quand on a enfin trouvé un pays qui vous accueille, un pays qui offre la possibilité de tout recommencer à zéro, alors, on s’accroche, on veut en être digne. Et quand ce même pays vous fait l’honneur de vous accorder la nationalité française, on se doit d’être parfait, on se doit de le servir, 100 fois, 1 000 fois mieux que tout citoyen français de naissance. »

 

  • Ce morceau choisi nous ramène au contexte actuel. Peut-on imaginer un instant ce que vit un apatride ? Nous devons – dans le cadre des Droits de l’Homme – prendre conscience de la misère vécue par les populations victimes des guerres et faire notre devoir.
  • Lisez « Mon enfant de Berlin ». L’histoire de la fille de François Mauriac y est très bien racontée et les conditions de survie après la capitulation allemande y sont parfaitement restituées. On prend conscience de ce qu’est la privation de patrie.

 

Christian Dechartres – écrivain public – www.cd-lmdp.fr - cd-lmdp.over-blog.fr/

 

«…la patrie est là où l’on vit heureux. » Voltaire

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